Du 19 au 21 juin, les résidents d’île de France se sont retrouvés à Nouan le Fuzelier en Sologne afin d’échanger sur le thème suivant :
« VIEILLIR DIGNEMENT DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUI »
Vieillir dignement dans la société d’aujourd’hui n’est pas toujours évident. Les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes, mais ne favorisent pas toujours les relations. Tout va très vite. Les familles se retrouvent parfois éloignées par les contraintes professionnelles. L’individualisme gagne du terrain et la considération pour ceux qui vont moins vite, quel que soit leur âge, ne va pas de soi. La prise en compte des questions liées au vieillissement ne semble pas être une priorité pour les autorités publiques successives. Le risque existe alors de se sentir exclu d’une telle société. Et c’est ce sentiment d’exclusion qui peut porter atteinte à notre dignité.
La dignité, c’est le respect que chaque être humain mérite. Et le respect dépend du regard porté sur soi : le regard porté par les autres qui vont plus ou moins accepter les différences, mais aussi le regard que nous portons sur nous-mêmes. De ce point de vue, on est parfois notre propre ennemi lorsqu’on a du mal à accepter ses difficultés, ses limites ; quand on ne s’accepte plus tel que l’on est. Le regard porté sur l’autre et sur soi doit être un regard bienveillant : un regard qui valorise, qui élève plutôt qu’il ne rabaisse.
Pour se sentir digne, il faut aussi conserver des relations avec les autres, ne pas se replier sur soi, mais également entretenir une bonne image de soi. On est aussi ce qu’on laisse paraître. La dignité dépend aussi du sens que l’on donne à sa vie, du désir de conserver son autonomie et des responsabilités. Tout cela est plus ou moins favorisé par le cadre dans lequel nous vivons. Notre environnement doit être facilitateur et encourageant. Il faut s’adapter, ne pas renoncer, rester actif et intéressé par le monde qui nous entoure.
En fin de compte, vieillir dignement, c’est vivre dans des conditions de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous avons besoin de continuer à nous sentir libres d’aller et venir, de vivre dans un environnement ouvert sur le monde. Vieillir dignement, c’est aussi continuer à décider pour soi-même et sentir que nos choix sont respectés. Cela veut dire être consulté sur les questions qui nous concernent. La liberté peut être limitée par certaines normes sécuritaires imposées souvent par les craintes des autres. Vivre, c’est aussi prendre des risques. Nous sommes des adultes. Attention aux risques d’infantilisation qui peuvent aussi prendre les traits d’une familiarité excessive.
Nous sommes attachés à des relations d’égalité. Nous avons besoin de nous sentir reconnus, acceptés tels que nous sommes avec nos différences. Il est important que nous ayons tous accès à des services de qualité en établissement comme à domicile. Mais cela peut être très onéreux. L’égalité n’est garantie que si nous bénéficions tous de moyens décents. Beaucoup de retraites sont minimes et les aides financières sont, sur ce point, essentielles. Nous ne sommes pas toujours bien informés de l’existence de celles-ci.
Aujourd’hui, on entend beaucoup parler de « dépendance ». C’est un terme que nous apprécions peu car il est stigmatisant… et ne parlons pas du GIR ! N’oublions pas que nous sommes tous dépendants, depuis la naissance. Le sentiment de dépendance vient en partie de la difficulté de notre environnement à accueillir nos demandes. S’entendre répondre « j’arrive » en établissement ou devoir attendre les intervenants à domicile nous donne l’impression de déranger, de gêner. Ce n’est pas un manque de volonté de la part des professionnels, ils sont généralement très dévoués. Mais ils ne sont pas assez disponibles car en nombre insuffisant. Cela entraine aussi un sentiment d’insécurité. Il faut donc davantage de professionnels et ils doivent être bien formés à l’écoute et à la relation humaine. Pour autant, nous devons oser demander de l’aide tout en gardant le souci de conserver un maximum d’autonomie, nous adapter à nos difficultés et continuer à aller de l’avant.
L’important est de pouvoir compter les uns sur les autres, d’avoir de l’attention les uns envers les autres. C’est ce que l’on nomme la fraternité. Cela commence par le respect mutuel et les petits gestes du quotidien : un bonjour, un sourire, une attention… C’est s’intéresser aux autres, se sentir concerné par ce qui leur arrive. Pas de dignité sans partage, sans vie sociale, sans lien avec les autres. L’entraide est essentielle. Il est important d’encourager les gestes de solidarité. Aider quelqu’un en poussant son fauteuil roulant soulage à la fois la personne aidée et le personnel débordé. Cela nous permet aussi de nous sentir utile. Les rencontres avec des personnes de générations différentes sont particulièrement importantes. Elles nous permettent de sortir de nos discussions habituelles, de rester connectés au monde, de nous enrichir mutuellement.
A bien y réfléchir, dans une société réellement fraternelle, il n’existerait pas de sentiment de dépendance car aux besoins des uns répondraient l’attention et la bienveillance des autres.
Vieillir dans la dignité est finalement l’affaire de tous. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes concernés. Demain, ce seront nos enfants et nos petits-enfants. Il faut nous demander ensemble quel regard nous souhaitons porter sur les plus âgés d’entre nous. Quel monde voulons-nous construire ? La société de demain sera-t-elle humaine ? Sera-t-elle digne ?
Synthèse rédigée par : Mme Azan, Mme Blanchard, M. Cuinat, Mme Gourlain, Mme Le Merrer, M. Mort, Mme Renaud, Mme Ricci, Mme Richard, Mme Schmidt, Mme Steelandt avec l’aide de Mme Beauné, Mme Béguin et de M. Vazquez.
Avec la participation de la résidence de l’Abbaye (Saint Maur), de l’Association Joinvillaise d’Aide à Domicile (Joinville le Pont), de l’Association d’Aide à la Personne (ASSAP), de la résidence des Bords de Marne (Bonneuil sur Marne), du Centre de Rencontre des Générations (Nouan le Fuzelier), et des résidences de La Cité Verte (Sucy en Brie), Geneviève Laroque (Morangis), les Quatre Saisons (Bagnolet), et Sévigné (Saint Maur).