Synthèse du colloque Auvergne 2017

En Auvergne en 2017, les participants au colloque ont souhaité échanger sur le thème suivant :  »

Les relations en Maison de Retraite : les résidents, l’entourage, le personnel,  la direction. Comment tisser les liens et les faire vivre ?

Voici la synthèse de leurs débats :

Lorsqu’on vit en Maison de Retraite, on se sent changé. Il faut prendre le temps de connaître les personnes.

Les relations entre résidents :

Faire le premier pas, chercher le contact, oser aller à la rencontre des autres… Mais parfois, on se retrouve face à un mur. La surdité et nos différences ne facilitent pas. Mais si nous désirons plus que tout communiquer, nous parvenons à trouver, ne serait-ce qu’une personne vers qui aller.

Aller en animation, c’est un bon moyen de créer des liens, un point de rencontre comme les repas. On peut créer des liens amicaux et partager nos souvenirs. C’est comme un ciment de convivialité. En petit comité, les échanges sont un peu plus personnels. Mais parfois ils sont limités à table. En même temps, comment voulez-vous créer des liens quand personne ne parle ! L’acoustique dans la salle à manger ne facilite pas les échanges. Certains ne disent pas bonjour. Beaucoup de gens sont sourds.  Le repas est le moment le moins convivial mais c’est le problème particulier aux Maisons de Retraite.

Nos caractères sont différents. On peut même se fâcher, c’est la vie en collectivité. On compose avec les ennuis des autres. Nous devons faire preuve de tolérance. On observe des comportements parfois choquants de certains résidents, le ton monte pour demander quelque chose au personnel.

Le respect est important : « S’il vous plaît, merci », ça ne coûte rien. Aborder l’autre avec le sourire. C’est une nécessité de se dire bonjour et d’être courtois !

Il y a aussi de bons moments entre nous. On peut s’entraider. Prévenir quand il y a une urgence ou un besoin pour un autre résident. Passer la panière à pain à ses voisins. Accompagner la voisine de chambre si elle le souhaite et en accord avec les équipes évidemment. « J’aide souvent mon voisin à se servir de l’eau. ». Il y a des liens de protection qui se créent entre nous à table et dans le quotidien. Malheureusement le personnel nous empêche de nous entraider par souci de sécurité. Peut-être que les salariés craignent qu’on leur reproche de ne pas faire leur travail. Il faudrait avoir une discussion sur ce sujet avec les directions afin de clarifier les choses.

Des idées pour améliorer l’ambiance à table :

  • Mettre les noms et prénoms sur la table.
  • Présenter les nouveaux arrivants, ou ceux qui sont absents depuis longtemps, au moment du repas.
  • Faire un apéritif de bienvenue ou de retour.
  • Demander à chaque table régulièrement s’ils désirent changer.
  • Servir bien toute la table en même temps.
  • Proposer des petits déjeuners communs dans les salons des étages pour les résidents qui le souhaitent

Quand les membres du personnel nous aident à se présenter aux autres, en particulier les premiers jours, ça aide.

 

Ce sont souvent les mêmes personnes que l’on retrouve en animation. Ce n’est pas forcement là où se créent le plus de liens. D’autres personnes restent isolées.

 

L’isolement n’est pas forcément une question de choix. La question de la solitude existe aussi en présence des autres du fait des difficultés ou handicaps personnels. Le personnel peut aussi nous guider à aller vers les autres personnes isolées qui aimeraient du contact. Malheureusement les soignants ont peu de temps pour pouvoir créer du lien.

Au sujet des personnes présentes à Citoyennage :

« Nous sommes aussi des anti-chacun pour soi et sommes les portes paroles de ceux qui ne peuvent s’exprimer. Il faut aller vers les autres et ne pas penser qu’à soi. Les uns font les autres. Il faut que les gens viennent nous voir. »

Les relations avec le personnel

Les soignants, les agents de service sont nos premiers interlocuteurs, souvent par l’intermédiaire de la sonnette.

On les sent très occupés. On n’ose pas toujours les déranger. « Travailler en Maison de Retraite, c’est un métier difficile. Je me mets à genou devant le travail accompli. Je ne voudrais pas le faire ! ». Garder le sourire, malgré la fatigue, ça donne du baume au cœur. Quel mérite !

On se sent parfois plus proches avec le personnel expérimenté. Il est plus facile de régler un problème avec le personnel qui a du métier.

Quand il y a trop de changements fréquents dans le personnel, c’est compliqué. Elles ne connaissent pas nos habitudes. On a tous nos petites manies quand on est âgé.

Discuter pendant et en dehors des soins : prendre de nos nouvelles, nous demander si l’on se sent bien, ça fait plaisir ! C’est nécessaire surtout pour les personnes les plus isolées.

 

Nous avons besoin d’une écoute attentive. « « Débrouillez-vous » ça ne m’aide pas » ! Heureusement, on l’entend très rarement. Il serait préférable de nous encourager avec plus de tact et de nous expliquer davantage. Me sentir importante avec la personne qui vient s’occuper de moi, sa délicatesse m’aide à me sentir en confiance.

Essayez de nous associer à nos actes, par exemple lors de la toilette : nous expliquer le déroulement peut nous rassurer et ainsi nous serons plus coopérants ! Ce n’est pas facile d’accepter l’aide ! Parfois ce n’est pas parce que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas. Veillez s’il vous plaît à ce que la porte de la salle de bain soit bien fermée !

Ne pas rentrer dans la chambre de façon trop énergique et rapide alors que nous sommes en phase de réveil. Le toc toc obligatoire ne suffit pas toujours ! Continuez à attendre notre réponse pour entrer. Si nous entendons difficilement, n’hésitez pas à entrouvrir la porte pour ne pas nous surprendre.

Avec le personnel en général, parfois, nous n’osons pas dire ce que l’on pense. On aime avoir une réponse franche et claire à nos questions, sans faire la sourde oreille.

Il est important de nous demander notre avis, nous sommes les premiers concernés. Par exemple, il y a parfois des décisions prises au niveau médical sans que l’on en ait été averti ! On prend des médicaments et on ne sait pas toujours pourquoi. Respectez-nous tels que nous sommes. Faites-nous confiance.

« Je ne supporte pas que l’on me crie dans les oreilles ». Personnel, résidents, essayons tous d’utiliser le ton juste et évitons les ordres entre nous pour maintenir de bonnes relations. Il est nécessaire de s’expliquer quand on ne s’entend pas. L’impératif n’est pas le meilleur mode de communication.

Nous apprécions connaître le responsable de l’établissement, qu’il se rende visible et que la porte de son bureau soit ouverte et à notre portée.

On apprécie avoir de l’égard de la part de la direction : un bonjour fugace fait toujours plaisir au repas de midi !! Nous demander de nos nouvelles ou être présent lors des moments festifs comme de danser une valse avec la directrice. Cela nous donne de la valeur, de l’importance.

Nous comptons sur la direction pour arrondir les angles en cas de conflits ou de réclamations. Nous ne connaissons pas toujours les contraintes de l’établissement.

Essayons de nous engager mutuellement, de faire des concessions.

Que ferions-nous si nous étions directeurs de Maison de Retraite ? Surtout être à l’écoute même s’il n’y a pas de solution aux problèmes.

Avec les proches

Entendre la voix de nos proches au téléphone nous apaise. Même si nous préférons les visites. Une visite attendue nous fait du bien à l’avance !

Nous apprécions la présence de nos proches mais sans omniprésence : nous apporter des affaires, nous accompagner à un rendez-vous médical, aller chez eux même si « c’est toute une expédition », sortir !

Nous avons envie de :

– profiter des sorties pour acheter nous-mêmes un chapeau qui nous plait, des fruits qui nous font envie… et de payer nos achats comme des adultes que nous sommes !

– passer des moments conviviaux avec nos proches, des moments festifs (repas, goûters, café des aidants…).

– disposer de coins intimes tels que des petits salons, machine à café, coins dans le jardin…

L’entourage nous aide à être encore nous.

Les conditions d’entrée peuvent dégrader les relations avec la famille. Lorsque le résident n’a pas choisi de venir c’est un empêchement de s’adapter. Il faut faire attention à ce que le résident soit partie prenante de sa décision d’entrer.

La famille ce n’est pas que notre famille, cela peut être aussi la famille des autres qui créé du lien.

Les psychologues peuvent être une aide et être un relais dans les situations familiales pour expliquer ce que ressent le résident concerné. Beaucoup de personnes ne savent pas trop ce qu’est un psychologue. Il y une méfiance à l’égard des personnes qui viennent nous poser des questions « intimes ».

 

Les relations, c’est comme un jardin. Ça se cultive au quotidien et c’est l’affaire de tous ! C’est la vie ! Nous avons besoin de chaleur, de confiance, d’authenticité dans les échanges.

On ne se rend pas toujours compte de la portée de nos mots et de la façon dont ils sont perçus.

Pour créer des relations laissons l’individualisme pour s’ouvrir aux autres.

Synthèse rédigée par : Mme BARBECOT (Pont-du-Château), Mme BASSET (Saint-Germain-Lembron), Mme BERNARD (Vendat) Mme LAGARDE (Les Jardins de la Charme, Clermont-Ferrand) et Mme VALDIVIA (Royat), Mr BERNARD (Vendat), Mr BROUTIN (Vendat), Mr DALLET (Vent d’Autan, Clermont-Ferrand) et Mr MOULIN (Beauregard-l-Evêque).