Synthèse du colloque Île de France 2014

COLLOQUE CITOYENNAGE DU 3 AU 5 JUIN 2014 A MONT-EVRAY

 

SYNTHESE CITOYENNAGE 2014

LES RELATIONS ENTRE RESIDENTS ET PERSONNELS, LA JUSTE PROXIMITE

Quand on arrive dans une nouvelle maison, tout est compliqué. On ne connaît personne, on se sent perdu, on appréhende, on n’ose pas s’exprimer. C’est encore plus dur si on arrive en urgence, sans y être préparé. On ne sait pas comment se comporter avec les personnels. Nous ne sommes pas des clients dans un hôtel, ni des malades dans un hôpital. C’est une situation totalement nouvelle. C’est pourquoi on a rapidement besoin d’établir des relations de proximité avec des professionnels qui puissent nous comprendre.

Nous attendons en tout premier lieu que les personnels aient une conscience professionnelle et un savoir faire qui se double d’amabilité et de délicatesse. Un personnel mécanique ne nous intéresse pas. Au delà des qualités techniques, nous sommes sensibles aux qualités humaines. Pour un acte, il y a mille façons de le faire. Attention aux nouvelles technologies qui risquent d’absorber un temps précieux que nous préférerions dans la relation directe. Nous voulons des établissements moins hospitaliers et moins informatisés.

Nous avons besoin de chaleur humaine, notamment dans les moments difficiles. On apprécie de pouvoir se confier, on a besoin d’être réconforté par les soignants. Il suffit d’un sourire, d’un moment d’écoute ou d’une présence pour être rassuré et se sentir compris. Cela peut nous aider à mieux vivre et a effacer l’impression d’anonymat. Le ton utilisé et la façon de s’exprimer sont importants pour nous, c’est une forme de courtoisie à laquelle nous sommes attachés.

 

Ces qualités sont particulièrement attendues chez le professionnel qui est notre référent. Dès le départ, et au-delà des premiers mois, il doit se montrer particulièrement attentif et proche. C’est une personne de confiance, avec plus de responsabilité vis-à-vis de nous. Il doit pouvoir nous guider. Mais les référents sont parfois mal connus, difficilement joignables, et ils ne sont pas désignés par nous. Il faudrait pouvoir confirmer ou non ce choix en fonction des affinités. Il est important de pouvoir donner notre avis sur les projets et les protocoles que les professionnels établissent pour nous. Il serait intéressant qu’ils soient validés avec nous, pour plus de considération.

 

A la base, les relations que nous établissons reposent sur notre culture, notre éducation, et le fonctionnement de l’établissement dans lequel nous vivons.

En tout cas, pour qu’une relation de confiance avec le personnel puisse exister, il faut tout d’abord du respect. Une résidente nous dit, « le respect, chacun le ressent de tout son être ».

C’est pourquoi nous pensons que le vouvoiement et l’appellation par le nom de famille est d’emblée préférable.

De même, le respect de notre espace personnel est essentiel. Le fait d’attendre que l’on réponde avant d’entrer dans notre logement par exemple, nous paraît très important.

Nous regrettons parfois le manque de discrétion de certains soignants et souhaitons le respect du secret professionnel qui garanti notre intimité.

La blouse est parfois perçue comme un uniforme qui met une distance, mais ce n’est pas forcément une barrière. L’avantage, c’est que cela permet de mieux identifier les fonctions de chacun. Mais peut-être existe-il un autre moyen, comme le badge.

D’autre part, la taille de l’établissement facilite plus ou moins les relations.

 

Au delà de ces principes de base, nous avons besoin d’établir des relations plus personnelles, plus intimes avec les professionnels. Ceux-ci doivent être autorisés à être proches de nous. Nous ne sommes pas des numéros. On ne peut pas prendre soin de quelqu’un si on est distant. Nous avons besoin qu’ils nous parlent d’eux, de les connaître, afin de nous sentir en confiance, en sécurité.

Il ne s’agit pas de se dire à tout prix que l’on est une grande famille, en oubliant les liens que nous avons avec les autres. « Je ne suis pas la Mamie de tout le monde » affirme l’une d’entre nous.

Mais à la fois, une autre dit « Ma famille c’est ici. Après 14 ans, nous avons vécu tellement de choses ensemble… »

Pour les résidents les plus isolés, les personnels sont même les gens les plus proches. Personne ne peut vivre sans relation affective.

Dans tous les cas, de vraies relations d’amitié peuvent se créer.

C’est alors que le tutoiement peut être utilisé et que nous pouvons nous appeler par nos prénoms ou nous faire la bise. Cela devient une marque d’affection, d’estime, de reconnaissance. C’est naturel. Mais cela doit rester discret afin d’éviter que d’autres aient une impression de favoritisme ou se montrent jaloux.

Ce n’est pas un manque de respect à condition que cela ne soit pas systématique et se passe dans un deuxième temps, avec l’accord des deux parties, et dans l’intimité. Il s’agit de relations individualisées, sinon on porte atteinte à notre dignité. Cela devient de l’intrusion, on se sent manipulé, contrôlé.

 

Nous avons aussi notre part de responsabilité dans la qualité de la relation avec les professionnels pour créer le lien, instaurer l’échange, faciliter les choses, prendre le temps de parler. Certains d’entre nous s’y prêtent, d’autres moins. Il faut pouvoir faire le premier pas, aller vers l’autre. Il est essentiel de créer du lien entre résidents et personnels, ne pas laisser naître ou s’installer du vide. Nous pensons que c’est aussi à nous d’entretenir la relation, il s’agit bien d’un échange réciproque où chacun à sa part.

Pour nous, il est important de s’intéresser au personnel. Cela permet de lever les barrières et les préjugés. Et quand le lien est créé, les rapports sont plus faciles et peuvent être bénéfiques pour les uns et les autres. Nous pouvons aussi transmettre aux professionnels une partie de notre expérience, être à leur écoute, et même les réconforter lorsqu’ils vivent eux-mêmes des moments difficiles. On a besoin les uns des autres.

 

Encore faut-il que le personnel ne soit pas trop débordé ! Le manque de temps peut créer du stress et l’attente peut nous sembler longue. Tout ceci peut provoquer de la mauvaise humeur de part et d’autre. Il faut donc des personnels en nombre suffisant, car nous souhaitons partager du temps avec eux. Sentir leur attention, c’est se sentir exister, sentir que l’on compte, que l’on soit plus autonomes ou plus en difficulté.

Nous sommes aussi sensibles au changement de personnel, surtout s’il est fréquent, il faut alors apprendre de nouveau à se connaître et recréer des liens de confiance.

 

Il est aussi essentiel que le personnel puisse bénéficier de formations plus spécifiques sur la relation, qu’ils puissent être informés et comprendre les difficultés que nous pouvons rencontrer, car c’est l’ignorance qui fait qu’on ne se comprend pas.

Mais la formation ne suffit pas toujours. Cela dépend aussi du caractère de chacun, de sa personnalité. Certains ont plus de facilité dans la relation que d’autres qui sont moins ouverts et moins sensibles. Il est important d’y faire attention au moment du recrutement.

 

Nous avons conscience que ce n’est pas toujours facile pour les personnels d’être à notre écoute. Il faut donc qu’ils puissent être soutenus eux aussi par leur hiérarchie et leurs collègues et qu’ils puissent trouver cette juste proximité.

 

En définitive, une juste proximité n’est envisageable que si la relation reste suffisamment spontanée et humaine.   On ne peut pas être d’humeur égale tous les jours, on a chacun nos caractères. Les maladresses peuvent exister. Le principal c’est de s’expliquer.

Pour que ces relations restent saines, elles doivent aussi s’enrichir des nouveaux liens que nous allons tisser avec les autres résidents, leurs familles, les bénévoles.

En somme, la juste proximité c’est quand on finit par compter l’un pour l’autre.

 

Trouver l’équilibre est parfois difficile. Tels des funambules, le respect et la confiance seraient notre balancier.

 

 

Synthèse rédigée par Mme Planchais, Soeur Reymann, Mme Rousselet.

Ainsi que Mr Bullois, Mme Crosnier, Mme Demougeot, Mme Feuillet, S?ur Gérard, Mr Isambert, Mr Lecocq, Mme Munoz, Mr Stasiek.

Avec l’aide de Saliha Beauné, Jennifer Oliver et Juan Vazquez,

Avec la participation des Résidences : Abbaye, Africa, Cite Verte, File Étoupe, Jean XXIII, Le Manoir, Marines (Groupement Hospitalier Intercommunal du Vexin), La Pie Voleuse, Sacré-Cœur, Saint-Joseph, Saint-Pierre.